La température dans l'autoclave dépend de la pression. Ici, les 2 sont en fait une façon d'exprimer combien les molécules ont la bougeotte.
La pression au manomètre n'est pas la pression absolue par rapport au vide parfait, mais par rapport à la pression atmosphérique autour de l'autoclave. Plus on monte en altitude, moins il y aura d'air autour de l'autoclave (ou dans les cas extrêmes comme au somment de l'Everest, pour respirer!). Les molécules d'un corps à la même température au niveau de la mer ou en altitude seront aussi excitées et gigoteront dans tous les sens, mais le poids de l'atmosphère les retiendra plus ou moins. Essaie d'imaginer la force (énergie) qu'il te faudrait pour te retourner dans ton lit si tu n'as qu'un simple drap, ou si tu as 3 couvertures pure laine plus un gros
Berger de Pyrénées affectueux en travers de l'abdomen.
Du coup, celles qui sont en altitude bougeront plus facilement que celles qui sont au niveau de la mer, alors qu'elles sont à la même température.
Comme elles gigotent plus, la pression qu'elles exercent sur les parois de l'autoclave est supérieure, et pour la même température le manomètre affichera une pression supérieure. Ou pour expliquer ce qu'on utilise quotidiennement, il faudra que la pression soit plus haute si on veut notre température-cible, qui, elle, restera la même quelle que soit l'altitude à laquelle on canne.
En ce qui concerne l'usage d'un thermomètre sur un autoclave domestique, il se pose un problème purement pratique : les thermomètres à cadran ou à colonne fonctionnent en mesurant la dilatation du liquide utilisé en fonction de la température.
Évidemment, celle-ci varie aussi en fonction de la pression ; les mesures ne sont utilisables que si la pression reste à peu près constante (et pour les valeurs elles-mêmes, équivalente à celle qu'il y avait au moment du calibrage : on pourrait être certain qu'il y a une différence de 3°C entre 2 points, mais sans être certain qu'il fasse 23°C et 26°C ou 21°C et 24°C).
Le thermomètre n'a plus aucune exactitude si on fait varier la pression, ce qui est nécessaire dans un autoclave pour atteindre les températures adéquates. Évidemment, les problèmes mentionnés ici concernent les instruments de mesure et non la réalité physique de ce qu'ils sont censés mesurer.
Les thermocouples fonctionnent, eux, en mesurant les variations de conductivité électrique entre les 2 métaux qui le composent, en fonction en la température.
Le manomètre sert bel et bien à évaluer la température interne dans l'autoclave en fonctionnement, et le Mirro qui n'en a pas ne risque pas plus de nous exploser à la figure que les 2 autres marques. Elles ont toutes les 3 des systèmes de sécurité pour ça, ce n'est absolument pas le rôle dudit manomètre.
Au fait, les méchantes bactéries meurent aussi à des températures inférieures à 121,1°C, ce qui est d'ailleurs une bonne chose dans la mesure où la mise en conserves domestique se fait à 115°C. C'est juste plus long pour les achever, elles agonisent plus lentement pendant que nos aliments, eux, continuent à cuire.
Pour l'anecdote, il existe encore en Europe la marque très confidentielle d'
Auto-Thermos. J'en ai vu un vieux d'occasion, ils venaient avec un thermomètre et non un manomètre.
Un dernier point : à ma connaissance, tous les thermomètres analogiques ont cette même façon de fonctionner. Comme je doute que des appareils électroniques puissent facilement être montés en série sur les autoclaves (fragilité, coût, exposition à la vapeur...) il faudrait faire des tables de
température en fonction de l'altitude.
D'une part, ces "températures" corrigées seraient nécessairement fausses, ce qui est discutable, mais en plus les utilisateurs de base connaissent le concept de température et hésiteraient moins à "jongler" avec ou à permettre certaines marges de tolérance qui seraient dangereuses. C'est plus simple (et scientifiquement exact... plus ou moins) de dire qu'il faut atteindre 240°F et que pour ça il faut augmenter la pression en fonction de l'altitude. Peu de gens utilisent le concept de pression mesurée au quotidien et se sentiraient -à tord- à l'aise avec l'idée de jouer avec.